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13 févr. 2025|5 MIN.
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L'Europe ne compte pas se laisser « écarter » du processus de négociation et est prête à prendre des mesures concrètes pour l’éviter

Photo source: Office of the President

*Moscovie – appellation historique et correcte de la Fédération de Russie.

Les négociations entre les États-Unis et la Moscovie en Arabie saoudite ont choqué l’Europe et l’Ukraine, car elles visaient à marginaliser l’Europe en tant qu’acteur géopolitique de moindre importance et à exclure l’Ukraine du processus, ce qui permettrait à l’administration Trump de conclure des accords séparés avec Poutine dans le dos de ses alliés.

De toute évidence, ces initiatives de Trump, tout comme sa rhétorique systématique, montrent qu’il ne considère pas l’Europe comme un partenaire à part entière. Il s’appuie sur une vision de l’Europe datant de son premier mandat. Or, l’Europe de 2016 et celle de 2025 sont deux réalités très différentes. En 2025, l’Europe a non seulement pris conscience de sa responsabilité en matière de sécurité, mais elle est également prête à mettre en œuvre des mesures concrètes qui empêcheront les États-Unis d’ignorer Bruxelles et Londres.

L’idée d’une autonomie stratégique en matière de défense a été activement promue par Macron dès son premier mandat. Cependant, avec le Brexit, le gouvernement Merkel en Allemagne et des gouvernements amorphes sur le plan militaire en Espagne et en Italie, il était difficile d’envisager la construction d’une stratégie de sécurité européenne cohérente.

Aujourd’hui, cependant, l’Europe présente des caractéristiques que Trump ne veut pas reconnaître :

1. Un niveau élevé de coordination européenne face aux États-Unis

Avant l’investiture de Trump, les dirigeants européens – la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Pologne, l’Italie et les instances de l’UE – ont convenu d’adopter une position commune dans leurs communications avec Trump. Cette coordination s’est déjà manifestée de manière concrète : face aux menaces douanières de Trump, tous les dirigeants européens ont exprimé une réponse unifiée, allant de l’avertissement à la condamnation.

Un deuxième exemple public de cette coordination a été la Déclaration de Paris, dans laquelle la France, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, la Pologne, l’Allemagne et l’UE ont affirmé une position commune : il est inacceptable que les États-Unis concluent des accords séparés avec la Moscovie. Ils ont également confirmé que, malgré la politique de la Maison-Blanche, les pays européens continueront à soutenir l’Ukraine.

Un troisième exemple a été la réaction des ministres européens de la Défense lors de la réunion de Ramstein. Alors que le secrétaire américain à la Défense, Hagset, critiquait et manipulait les discours sur la liberté en Europe, lançant des ultimatums et des menaces, les dirigeants européens ont maintenu une position ferme : « Il est impossible d’aborder les questions de sécurité en Europe et en Ukraine sans Bruxelles et Kyiv. » Cette position a été réaffirmée par Londres.

2. L’« accord de défense » entre le Royaume-Uni et l’UE

Londres privilégie de plus en plus la coopération en matière de défense avec des alliés européens plus prévisibles qu’avec Washington. Le Royaume-Uni entend conclure un vaste accord avec l’UE, y compris sur les questions de défense.

Les discussions sur cet accord doivent progresser après les élections en Allemagne, qui ont eu lieu le 23 février 2025. Le nouveau chancelier allemand devrait être Friedrich Merz, leader de la CDU/CSU.

Il est déjà connu que le bureau du Premier ministre Keir Starmer mène des négociations informelles avec Ursula von der Leyen et le futur chancelier Merz. Dans ce cadre, le 3 février, le Premier ministre britannique a rencontré les dirigeants européens à Bruxelles pour discuter des enjeux de sécurité européenne, de l’augmentation du soutien à l’Ukraine et du renforcement des sanctions contre le Kremlin, dont l’économie est en grande difficulté.

Le lendemain, Starmer a participé à un dîner des chefs de gouvernement à Bruxelles, une première pour un Premier ministre britannique depuis le Brexit. Les discussions ont porté sur les relations transatlantiques (« Que faire avec Trump ? ») et les questions de défense.

3. L’Europe prête à créer un Fonds de défense de 500 milliards d’euros

Après les élections allemandes, les obligations de défense de l’UE, d’un montant de 500 milliards d’euros, devraient recevoir un nouvel élan, la défense étant au cœur du programme du probable futur chancelier Merz.

Pendant longtemps, l’administration Scholz s’est opposée à l’idée d’une dette commune européenne pour la défense. Toutefois, Merz a signalé qu’il pourrait lever ce veto allemand, n’étant pas opposé à l’émission d’obligations conjointes pour les besoins militaires de l’Europe.

Si l’UE parvient à émettre ces obligations de défense, elle pourra adopter une position plus forte face aux États-Unis dans ses négociations.

Ainsi, alors que les États-Unis poursuivent des négociations séparées avec la Moscovie dans une tentative évidente d’écarter l’Europe du processus, l’Union européenne met en place une série de mesures pour s’imposer comme un acteur géopolitique incontournable, notamment sur les questions de stabilité et de sécurité en Europe.

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