Le régime autoritaire de Loukachenko est plus vulnérable qu'il n'en a l'air

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Dans cet article, nous nous concentrerons exclusivement sur l'un des aspects de la vulnérabilité du dictateur biélorusse Loukachenko: l'aspect économique.

Naturellement, en focalisant notre attention sur les indicateurs économiques de la Moscovie, nous avons parfois négligé la situation en Biélorussie. Cependant, la situation là-bas est telle que le régime de Loukachenko perdure tant qu’il bénéficie du soutien des forces de sécurité. Un autre élément important est la disponibilité de ressources suffisantes pour maintenir en Biélorussie ce que l’on pourrait appeler un “régime soviétique tardif”.

La dépendance de Loukachenko vis-à-vis des forces de sécurité

Loukachenko continue d'exister en tant que phénomène tant que les forces de sécurité jouissent d’un certain confort à tous les niveaux: militaires, policiers, services de renseignement, groupes paramilitaires pro-gouvernementaux. Selon les chiffres officiels, ce sont jusqu’à 1,5 million de personnes (sans compter leurs familles) sur une population de neuf millions d’habitants en Biélorussie.

Les nombreux Biélorusses avec qui nous avons eu l'occasion de discuter ces dix dernières années, même dans les structures de sécurité, affirment qu’il n’a pas de soutien émotionnel. Ce n'est que le désir des élites du bloc de la sécurité et des représentants des départements inférieurs de ne pas perdre le “confort” que leur assure le régime de Loukachenko en échange de leur loyauté.

Ainsi, le régime de Loukachenko doit constamment veiller à ce qu'il y ait de l'argent dans le budget pour assurer la vie confortable des forces de l'ordre et de leurs familles. C’est en fait un “contrat tacite”: les forces de l'ordre protégeront Loukachenko quoi qu'il en coûte, tant qu'il leur garantit un “сonfort” d'existence.

Si l’argent disparaît, si les garanties sociales disparaissent, alors il n'y aura plus de raison pour que le bloc de la sécurité soutienne Loukachenko en tant que phénomène politique. Un phénomène politique qui, par son existence même, représente une menace préventive pour la Pologne et les pays baltes en raison de ses liens avec la Moscovie. C'est pourquoi le plus grand danger pour le régime de Loukachenko est de perdre la loyauté du bloc de la sécurité, une loyauté qui repose sur des incitations financières.

La dépendance économique de la Biélorussie à l'égard de Moscou

Lorsque Loukachenko a rencontré des difficultés économiques, il s'adressait à Poutine, en équilibrant ses propres dépendances. Mais les sanctions renforcées contre la Biélorussie ont porté la dépendance économique de Minsk à Moscou à un niveau absolument sans précédent.

Auparavant, la Biélorussie disposait d’un commerce relativement diversifié et d’un accès aux ports des pays baltes, mais aujourd’hui, 85 % de son commerce dépend de la Moscovie.

L’administration de Loukachenko, consciente du risque, a tenté de diversifier ses échanges commerciaux en se tournant vers les pays africains. Cependant, en raison de problèmes d’utilisation des ports baltes, ce plan a échoué.

Les relations de la Biélorussie avec la Chine

Face à cette situation, en 2023-2024, le régime de Loukachenko a cherché à établir une contrepartie géopolitique à la Moscovie en forgeant des relations avec la Chine.
La Chine avait l’intention de faire de la Biélorussie un poste de commerce stratégique en Europe, plus dépendant de Pékin que la Hongrie ou la Serbie. Cependant, les sanctions de 2024 ont empêché la Biélorussie de tenir les promesses faites à la Chine.

Sur les 26 points de passage avec les pays occidentaux, il n’en reste que 5. En combinaison avec les sanctions, cela a entraîné une perte de 30 % du volume de commerce avec l’Ouest pour la Biélorussie.

Cela a conduit à un mécontentement officiel de Pékin concernant la “situation des transports” et l'exécution des contrats. Le problème pour Pékin réside dans le fait que les investissements dans les infrastructures biélorusses ne rapporteront pas de retour.

Conclusion

Pour les raisons mentionnées ci-dessus, Minsk restera économiquement dépendant exclusivement du marché de Moscou, Cela signifie donc que Loukachenko dépend directement de la situation macroéconomique en Moscovie.

Au second semestre de 2025, la stagflation en Moscovie pourrait s’aggraver, ce qui affecterait inévitablement les indicateurs macroéconomiques de la Biélorussie.

Toute difficulté économique en Moscovie affectera directement la capacité du régime de Loukachenko à maintenir son pouvoir. En effet, la dépendance de la Biélorussie à Moscou dans 85 % de son commerce extérieur et 10 % de ses recettes directes (les “cadeaux” de Moscou) rend Loukachenko extrêmement vulnérable.

D’un point de vue stratégique, le gouvernement de Loukachenko a bien compris, en 2022, qu’il fallait se “réorienter”, mais il n’a pas pu le réaliser avec l’Afrique en raison du manque de possibilités logistiques et des sanctions en vigueur, tandis que la Chine est mécontente des problèmes de Minsk avec l’UE, qui nuisent à la rentabilité des investissements déjà réalisés.

Comprenant les risques, Loukachenko, malgré sa rhétorique “agressive”, teste la réaction de l’Occident pour savoir s'il est possible d’assouplir les sanctions. À cette fin, le dictateur fait, selon lui, un geste approprié en libérant plus de 200 prisonniers politiques.

Ainsi, un affaiblissement de la Moscovie et une pression des sanctions poussant l’économie vers l’effondrement auront inévitablement un impact direct sur la stabilité du régime de Loukachenko . Ainsi, cela permettrait aux Biélorusses de conquérir la liberté et la démocratie pour leur propre pays, tandis que la Pologne, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et l’Ukraine pourraient sécuriser leurs frontières face aux opérations hybrides que Moscou pourrait mener depuis le territoire biélorusse.